En décembre 1914, six soldats français furent fusillés pour l'exemple dans le village de Vingré. Cette randonnée mémorielle retrace ces événements du début de la première guerre mondiale. L'itinéraire est d'abord jalonné par la retranscription de la dernière lettre de ces malheureux et par le sobre monument qui leur rend hommage. On passe à la Croix Brisée, puis aux ruines de la Ferme et aux carrières de Confrécourt, qui sont autant de témoignages de la violence inouïe de cette guerre.
Description de la randonnée
Départ de l'entrée/sortie du village de Vingré sur la D138 :
- Quand on vient de Saint-Christophe-à-Berry, c'est juste avant le panneau d'entrée dans le village et un grand hangar.
- Quand on vient du chef-lieu de la commune de Nouvron-Vingré par la D2020, arrivé au village de Vingré, prendre à gauche la D138, dépasser le monument aux fusillés et gagner la sortie du village.
Tout en veillant à ne pas gêner la circulation, se garer, soit en bordure des chemins qui partent du virage de la route, sur le bord de la route.
Balisage Jaune et Vert
Le balisage est bien présent aux intersections, relativement rare ailleurs. Dans le village de Vingré, l'itinéraire est jalonné par des plaques au nom des six soldats fusillés, mentionnées dans la description qui suit, avec photo et reproduction de leur dernière lettre.
(D/A) Suivre la Rue des Vignes en direction du centre du village. Noter tout de suite les plaques de quatre soldats :
- au n°15, côté droit, Pierre Gay ;
- au n°13, Jean Blanchard ;
- au bout du long bâtiment du n°11, Claude Pettelet ;
- après un petit pré côté gauche et avant le n°18bis, Jean Quinault.
Poursuivre sur la route en montée.
(1) Au panneau "Monument des Fusillés à 150m", continuer tout droit et trouver trois points d'arrêt :
- à droite, la cave où les soldats ont passé leur dernière nuit avant l'exécution ;
- au-dessus, un grand panneau d'information relatant les faits ;
- un peu plus loin à gauche, le monument érigé sur le lieu-même de l'exécution.
Gagner ensuite l'intersection au centre du village (petite croix de pierre).
(2) Tourner alors à gauche et, au n°1bis, trouver la plaque d'Henri Floch (orthographié Henry sur place). Continuer dans la rue et trouver sur la droite quelques tombes et une stèle, vestiges d'un cimetière militaire provisoire.
Revenir sur ses pas.
(2) À l'intersection, continuer tout droit, Rue de la Chaînée en direction de la Croix Brisée, et trouver côté gauche la plaque de Francisque Durantet. Dépasser un lavoir, suivre la route en montée et noter côté gauche l'entrée d'une ancienne carrière de pierres.
Sur le plateau, à la hauteur d'un poteau téléphonique à deux branches, quitter la route et prendre à droite un chemin des champs qui se dirige vers un bosquet. Noter sur la gauche la silhouette de l'ancienne distillerie de Confrécourt. Entrer dans le bosquet et découvrir le monument de la Croix Brisée (panneau d'information).
(3) Traverser une petite route et prendre en face le chemin qui démarre entre deux plots et va au Sud-Ouest à travers champs. Aboutir aux ruines de la Ferme de Confrécourt.
(4) Avant de répondre à l'invite de la flèche vers la droite, effectuer une bref aller-retour à gauche vers un petit bâtiment ruiné et une stèle en hommage à 11 soldats disparus en septembre 1914 et retrouvés sur place en 1999.
(4) Continuer au Nord-Ouest sur le chemin balisé (tout droit quand on revient de la stèle).
Balisage Rouge et Blanc
(5) Environ 150m après, abandonner momentanément le chemin, descendre un escalier sur la gauche, suivre le GR®12 et aboutir rapidement au site des Carrières de Confrécourt (ancien cantonnement de troupes ; vestige d'un boyau taillé dans le calcaire pour accéder aux tranchées).
Remonter jusqu'au chemin principal.
Balisage Jaune et Vert + Rouge et Blanc
En haut de l'escalier, suivre à gauche (Nord-Ouest) le chemin principal.
Balisage Jaune et Vert
Au croisement en T, suivre la petite route à gauche (laisser le GR® partir à droite). Quand le goudron laisse place à une piste caillouteuse, longer un bois côté droit.
(6) À l'angle du bois, tourner à droite (ni flèche ni balise ici mais, côté gauche de la piste, un panneau mentionnant le Chemin de Vingré à Vaux). Après avoir dépassé le bois, descendre entre les champs. Traverser brièvement un bois et déboucher sur la D138 à la hauteur du panneau "Monument des Fusillés à 150m".
(1) Suivre la route à gauche jusqu'au panneau de sortie du village (D/A).
Pendant la rando ou à proximité
La randonnée suit le parcours "Les dernières heures des fusillés de Vingré" conçu et aménagé sur place par la Communauté de Communes Retz-en-Valois et l'association Soissonnais 14-18.
L'affaire des fusillés de Vingré (source : association Soissonnais 14-18) :
En novembre 1914, une tranchée occupée par deux escouades du 298e régiment d'infanterie est prise par les allemands dans une grande confusion. Certains soldats se replient suivant ainsi l'ordre d'un sous-officier (qui niera avoir lancé un tel ordre), d'autres sont faits prisonniers mais arrivent à s'échapper profitant d'une bousculade. Le commandant du corps d'armée concerné, le Général de Villaret, apprit l'événement et souhaita faire un exemple. Les 24 soldats impliqués furent traduits en conseil de guerre le 3 décembre et six d'entre eux, apparemment choisis au hasard, furent condamnés à mort. Ils furent exécutés à Vingré le 4 décembre 1914.
Les six fusillés de Vingré :
- Jean Blanchard, né le 30 septembre 1879 à Ambierle (Loire).
- Francisque Durantet, né le 5 octobre 1878 à Ambierle (Loire), agriculteur.
- Henri Floch, né le 31 juillet 1881 à Breteuil-sur-Iton (Eure), greffier de justice de paix.
- Pierre Gay, né le 30 novembre 1884 à Tréteau (Allier), agriculteur.
- Claude Pettelet, né le 13 février 1887 à La Guillermie (Allier), agriculteur.
- Jean Quinault, né le 14 mars 1886 à Saint-Victor (Allier).
Les premières démarches en vue d'une réhabilitation furent entreprises en février 1919 par les veuves de deux des condamnés. Elles reçurent le soutien acharné d'un ancien camarade de régiment et témoin de la scène, Claudius Lafloque (1879-1954), employé de banque à Vichy, et l'aide d'un avocat, Jean Nicolaÿ. L’audience devant la Cour de Cassation eut lieu les 30 novembre et 1er décembre 1920. Le verdict de réhabilitation fut rendu le 29 janvier 1921.
Les dépouilles des soldats, d'abord enterrés à Vingré, furent rapatriées dans leurs villages d'origine en février 1922. Une souscription fut lancée pour l'érection d'un monument sur le lieu même de l'exécution, qui fut inauguré à Vingré le 5 avril 1925. Par la suite, des rues ou places des Martyrs de Vingré ont été nommées dans plusieurs villes de France, principalement dans les départements de la Loire et de l'Allier, dont les soldats du 298e RI provenaient majoritairement. En 2004, le département de l'Aisne a élevé les six soldats fusillés au rang de citoyens d'honneur.
À voir en chemin :
Dans le village de Vingré, entre (D/A) et peu après (2), six points (signalés dans la description) sont consacrés à chacun des six soldats. On peut notamment y lire la reproduction de leur dernière lettre, écrite à leur femme. Leur lecture, poignante, révèle deux points communs à toutes ces lettres. D'une part, ces hommes se disent tous innocents du crime d'abandon de poste devant l'ennemi qu'on leur reproche et montrent leur parfaite conscience d'avoir été condamnés pour l'exemple. D'autre part, ils demandent tous pardon à leur femme pour la gêne que leur propre mort, dans ces circonstances-là, va leur occasionner, persuadés qu'ils étaient de la suspicion et de la réprobation dont chacune ferait l'objet compte tenu de la supposée couardise de leur époux.
Peu après (1), la cave où les condamnés ont passé leur dernière nuit, le grand panneau d'information et le monument érigé en 1925 sur le lieu de l'exécution sont particulièrement émouvants. Le monument est d'une grande sobriété et trois plaques y sont apposées :
- En haut, les noms des soldats sont énumérés ; il est indiqué qu'ils "sont tombés glorieusement", et les dates de leur exécution et de leur réhabilitation sont indiquées.
- Au milieu, un hommage des anciens combattants du 298e RI "à la mémoire de leurs camarades morts innocents, victimes de l'exemple".
- En bas, une plaque sans doute plus récente, et de portée plus générale : "Pendant la Grande Guerre, des centaines de militaires furent fusillés, certains "pour l'exemple". 42 ont été réhabilités. Que ce monument érigé à la mémoire des six fusillés de Vingré vous fasse également souvenir de tous ceux qui, fusillés pour l'exemple, connurent le même sort injuste."
En (3), La Croix Brisée a été érigée en 1929, à l'initiative du Marquis de la Croix (sic) à la mémoire des soldats morts sur le plateau.
En (4), la Ferme de Confrécourt fut le théâtre de durs combats et fut soumis à de nombreux bombardements. Les ruines semblent avoir été laissées en l'état.
En (5), les Carrières de Confrécourt servirent de cantonnement aux troupes françaises. L'accès n'en est pas libre mais on peut avoir un premier aperçu à travers les grilles. Des visites sont organisées chaque premier dimanche du mois, de mars à septembre (2 € par personne). Rendez-vous à 15 heures devant le monument de la Croix-Brisée. Contact : Soissonnais 14-18, tél. 03 23 55 17 18.